Remise des insignes de chevalier des arts et des lettres à M. Nicolas Sollogoub et à M. Bruno Laplante
"Cher Nicolas SOLLOGOUB, Chers amis,
J’ai l’honneur aujourd’hui de vous remettre, au nom du gouvernement français, l’insigne de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres. Cette décoration vise à honorer votre contribution à la création française par votre maîtrise de l’art du vitrail, souvent utilisé pour évoquer les origines françaises du Québec et du Canada. Cela honore également vos multiples talents dans la décoration et le design.
Né en France en 1925, vous montrez dès le plus jeune âge une passion précoce pour l’art sous toutes ses formes. Ainsi, vous étudiez le dessin et le théâtre tout d’abord à Auteuil, sous la direction de Nicolas Benoit, puis à l’Atelier Charpentier, où vous vous initiez à l’architecture et à la décoration. Votre séjour dans cette école parisienne est interrompu par votre service militaire, que vous effectuez en Indochine, autour des Temples d’Angkhor Thom et Angkhor Vat, où vous faites des relevés topographiques pour l’armée française. Votre service terminé, vous retournez à l’Atelier Charpentier où vous vous spécialisez dans l’art du vitrail.
C’est alors que vous entrez dans le monde professionnel, en tant que peintre décorateur pour l’Office de la Radio et de la Télévision françaises (ORTF). Parallèlement, vous suivez des stages pour vous perfectionner dans ce qui deviendra votre spécialité : le vitrail. Au début des années 1950, alors que vos études s’achèvent, vous quittez la France pour le Canada, et Montréal.
Votre talent pour le décor vous permet très vite de vous faire remarquer au sein des compagnies de théâtre montréalaises, notamment au Théâtre du Nouveau Monde, pour la Compagnie de Monique Lepage et celle d’art dramatique de Montréal. En 1959, vous mettez une première fois votre talent au service du cinéma. Vous réalisez en effet les décors du « Roman de la science », pour le compte du réalisateur Fernand Séguin.
A la recherche de nouvelles scènes pour exprimer votre art, vous intégrez, également en 1960, Radio-Canada, en tant que graphiste, illustrateur, et décorateur.
Parallèlement à votre travail de décorateur, vous engagez dès les années 1950 une carrière dans l’art du vitrail et des verrières. En 1952, vous réalisez le médaillon « Notre-Dame de Sion », qui accueille les visiteurs à l’entrée de l’Institution du même nom, à Montréal.
En 1960, vous rendez hommage, par le biais d’une composition abstraite, à l’auteur inconnu du 1er vitrail exécuté au IXe siècle. Dépassant les codes artistiques du moment, vous mettez au point une technique de vitrail originale, tridimensionnelle et sans plomb, que vous nommez « Nicolas Sollogoub 3D » et qui revisite complètement les procédés habituels de l’art du vitrail.
En plus de votre attrait pour le vitrail, c’est l’Histoire du Québec qui vous passionne et vous inspire. En témoignent votre collaboration avec Frédérick Back sur la Ville de Québec au XIXe siècle, ou encore votre travail de 5 ans sur l’Histoire de la Ville de Montréal à la même époque. Ce travail monumental de 30 mètres est choisi par Jean Drapeau dans le cadre du programme « Œuvres d’art dans le métro de Montréal », en 1974. Vous participez ainsi à l’essor de l’art public, en créant l’une des premières verrières panoramiques à sujet historique à Montréal : celle de la station McGill.
Vos pulsions artistiques quittent parfois le vitrail pur, pour vagabonder vers de nouveaux supports auxquels vous donnez des lettres de noblesse. Ainsi, vous n’hésitez pas à réaliser une sculpture en plexiglas suspendue pour la société Radio-Canada, ou encore à présenter l’art marocain en 3D pour l’office commercial du Maroc à Montréal.
Pour autant, vous restez imprégné des sujets des vitraux anciens, que vous revisitez encore avec votre génie abstrait, tels que la Vierge à l’Enfant.
Votre passion pour l’histoire, n’est pas exclusive de votre goût pour les découvertes, les nouveaux défis, les nouvelles expériences. Au début des années 1990, vous séjournez au Japon où vous réalisez le vitrail en technique 3D « Evocation des Laurentides », miroir de votre amour pour cette région ; et une verrière décrivant la ville de Montréal, à l’occasion de l’anniversaire du jumelage de cette ville avec Hiroshima.
Plus que tout, vous vous passionnez pour l’histoire française du Québec, au service de laquelle vous consacrez votre œuvre magistrale. Vous réalisez deux verrières panoramiques de 8m/2m représentant deux événements importants de l’Histoire de la nouvelle France : « Le Chemin du Roy au Païs de Canada », qui sera exposée en 1996 à la mairie du 16e arrondissement de Paris ; et la « Grande Paix de Montréal de 1701 », que vous réalisez pour le 300e anniversaire de l’événement, et en hommage à tous les artisans de la paix.
Par ailleurs, vous réalisez également un « mémorial des origines françaises de la Nouvelle-France » pour l’Eglise St-Pierre de Brouage, en France, lieu de naissance de Samuel de Champlain. Au-delà du dessin, vos vitraux racontent une histoire, ou plutôt des histoires. Celle la fondation de la ville de Québec en 1608. Celle des Cités de Brouage et de Montréal, à qui vous rendez hommage. Celle du Bienheureux François de Montmorency-Laval. Celle enfin de l’Isle Ste-Croix, objet d’une « Epopée » sur un de vos vitraux. Comme toujours dans vos œuvres, vous mêlez la tradition du support au modernisme des motifs. Votre vitrail « Québec », dévoilé en 2001, est une preuve de cette symbiose, puisqu’il représente non seulement son passé et son présent, mais il imagine aussi son avenir.
Nicolas Sollogoub, vous êtes un des grands maîtres actuels de l’art du vitrail. Si votre nom restera à jamais à travers ce nouveau procédé de fabrication, breveté aux Etats-Unis en 1990, il demeurera pour beaucoup comme celui d’un historien d’un nouveau genre, adepte d’un art ancien que vous avez su revisiter et réanimer. Vous avez vu, au cours de votre carrière, vos œuvres exposées dans les sites les plus éminents de Montréal, à Québec, à Paris, au Château d’Oléron, au Japon, en Charente-Maritime, mais vous êtes resté profondément attaché à ce Québec qui vous a accueilli voici 50 ans. Vous y êtes d’ailleurs célébré, actuellement, au Château Dufresne, qui consacre une importante rétrospective à l’œuvre monumentale de celui qui fut son maître-restaurateur en 1975.
M. Sollogoub, vous avez exprimé vos multiples talents aussi bien dans la décoration, le design que dans l’art très particulier du vitrail, en passant par la télévision, le théâtre et le cinéma. Cette mosaïque de talents vous a valu de nombreuses récompenses et décorations, de villes françaises et canadiennes. Permettez moi toutefois à mon tour de prouver la profonde admiration que nous avons pour votre œuvre, et de vous montrer la gratitude de la France
M. Nicolas Sollogoub, Au nom du ministre de la Culture et de la Communication, je vous fais Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres."
Hélène Le Gal, Consule générale de France à Québec
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"Cher Bruno Laplante, Chers amis,
Il y a : la "chanson", la "belle chanson", la "bonne chanson", la chanson "sentimentale", l’"amoureuse", la "galante", la chanson "revencharde", "politique", "patriotique", la chanson "romantique", "comique", la chanson "poétique", "bucolique", "lyrique", la chanson qu’on chante en famille, au théâtre, dans les rues, la chanson qu’on chantait dans les beuglants, les boîtes à chanson, sous la douche, les vieux succès, les refrains d’antan... Vous pratiquez tous ces genres musicaux. Et puis, il y a la chanson sérieuse, la classique, celle pour laquelle de grand compositeurs ont créés des œuvres inoubliables. C’est pour votre contribution à nous avoir fait redécouvrir ou connaître les grands compositeurs français et québécois que j’ai l’honneur aujourd’hui de vous remettre, au nom du gouvernement français, l’insigne de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.
Né en 1938, dans une famille où l’on chantait souvent en français des mélodies de Massenet, par exemple, vous avez reçu des cours particuliers de chant et de diction tout au long de votre scolarisation.
Vous obtenez, en 1957, votre baccalauréat ès arts au Collège Bourget de Rigaud, à l’âge de 19 ans.
Vous entrez ensuite au Conservatoire dont vous sortirez en 1964 avec un Premier prix en Art vocal avec grande distinction.
En 1965, grâce à une bourse du Gouvernement du Québec, vous faites un long stage de 3 ans en interprétation, auprès de Pierre Bernac, à Paris.
Vous donnez votre premier récital public hors du Canada, en 1966, à Paris. Cette même année, vous recevez le Prix d’Europe en chant.
En 1974, vous fondez « L’ensemble Cantabile de Montréal ». Et vous assumez, dès lors, l’organisation et la direction artistique de spectacles lyriques variés, permettant aux jeunes de bien commencer leur carrière localement, et auprès d’aînés réputés.
Cet ensemble sera renommé, en 1994, « Le Nouveau Théâtre Musical » (NTM), que vous opérez, à partir de cette date, depuis Québec. Sous votre direction artistique, le NTM promeut l’art lyrique sous toutes ses formes. Il concentre ses efforts vers une production lyrique de qualité, sur scène, dans un créneau plus étroit et bien différent de celui des Maisons d’Opéra. Ses concerts-spectacles, plus intimes, favorisent une étroite communication avec le public et le répertoire de langue française est sa priorité.
L’une des productions d’importance du NTM, sous votre direction, sera celle de l’opéra historique canadien « L’Intendant Bigot ».
Tout au long de votre carrière, vous avez fait le tour de l’Europe, et même du monde, vous produisant en récital dans les salles les plus prestigieuses telles que Wigmore Hall à Londres, la Salle Gaveau à Paris ou Izumi Hall à Osaka.
Récitaliste et duettiste, notamment avec votre compagne France Duval, vous êtes considérés comme l’un des plus brillants interprètes de la mélodie française.
Toujours soucieux d’encourager la relève, vous êtes chaque année membre d’au moins un jury de concours de chant au Québec ou en France.
Et à partir de 2000, vous associez régulièrement vos enfants, alors âgées de 4 et 8 ans, munies d’un répertoire qui convient à leur âge, à des spectacles ou concerts s’adressant d’abord aux jeunes familles et aux personnes retraitées.
Pour toutes ces raisons, je suis très heureuse, aujourd’hui, de vous exprimer la profonde gratitude de la France pour votre dévouement et votre générosité, ainsi que votre engagement en faveur de l’essor du chant lyrique français au Québec et dans le monde.
Monsieur Bruno LAPLANTE, au nom du ministre de la Culture et de la Communication, je vous fais Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres."
Hélène Le Gal, Consule générale de France à Québec